Ô ma joie quand on m’a dit : « Allons vers la maison du Seigneur »
(Je me suis réjoui avec ceux qui me disaient : « Nous irons à la maison de Dieu »
Nous entrons dans ce temps de l’Avent, ce temps où nous sommes en attente du moment où nous nous approcherons d’un petit bébé nouveau-né, sans faire de bruit … pour ne pas le réveiller, nous le regarderons dormir avec ses petits poings fermés… peut-être vous vous rappelez de ce petit tressaillement intérieur qui déposait un sourire sur vos lèvres …
C’est avec ce sourire au fond du cœur que nous nous mettons en marche aujourd’hui pour aller voir un petit bébé nouveau-né dans les bras de sa mère… un petit bébé qui est Dieu prenant l’initiative de venir à nous, se mettant à hauteur d’homme, à notre hauteur … pour que nous puissions le regarder sans peur, sans avoir à lever les yeux …. comme nous nous accroupissons, nous aussi, quand nous voulons parler à un petit enfant.
Quel étonnement ! Quel émerveillement !
Puisqu’il est là, j’ai une question à poser : Jésus, dis-moi … As-tu été heureux sur cette terre ? Toi, dans les bras d’une jeune femme pauvre et démunie comme les réfugiés d’aujourd’hui, toi fils d’un modeste artisan peinant peut-être à boucler ses fins de mois, toi le sans diplôme, toi le sans maison … ? Toi qui as été mis à mort par des puissants, des gens de pouvoir ? As-tu été heureux sur cette terre ?
Alors Jésus me regarde de ce même regard qu’il posa sur le jeune homme riche : Jésus le regarda et il l’aima (Marc 10, 21) et son regard permet à d’autres questions de surgir…. La question de cette personne que j’ai rencontrée ce matin : celle d’un bonheur impossible dans ces conditions matérielles si difficiles. La question du bonheur qui s’épuise au même rythme que les ressources de la terre. La question de ces jeunes qui n’arrivent plus à se projeter dans l’à venir et glissent dans la désespérance… Quand on ouvre les yeux sur le monde, n’est-ce pas même indécent de parler de bonheur, de parler d’être heureux ? Toutes ces questions, chacun et chacune les nôtres… toutes ces raisons qui nous empêchent d’être heureux, il les écoute.
Sa réponse, de la part de Dieu ? Il vit avec nous.
Il a vécu avec les hommes et les femmes de son époque. Il nous a promis d’être avec nous tous les jours « Et moi, je serai avec vous jusqu’à la fin des temps ! » (Mt 28, 20). Jésus devient pour nous la maison du Seigneur : quelle joie quand on m’a dit, allons vers Jésus !
Et il nous rend témoin de la manière dont il exulte de joie sous l’action de l’Esprit Saint en étant lui-même témoin de la manière dont Dieu se révèle à des hommes, des femmes, des petits qui ne se prennent pas pour Dieu : « Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. » …Dieu qui se révèle : une expérience de relation avec lui, expérience d’être aimé et de découvrir en soi le désir d’aimer à son tour. Et il nous dit « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! » (Luc 10, 21-23). Heureux êtes-vous si vous avez compris cela !
Tout s’éclaire ! Voilà ce que Jésus veut nous faire comprendre : le bonheur, la joie, ce n’est pas la réussite, l’argent, le pouvoir, le confort - d’ailleurs il n’a rien cherché de cela pour lui-même au cours de sa vie - La joie profonde, la joie spirituelle est parfois très discrète lorsqu’elle co-existe avec la souffrance, la difficulté, mais elle est possible. Cette joie c’est de savoir que jamais nous ne sommes seuls et que quelqu’un qui nous aime plus qu’aucun être humain nous a jamais aimé, nous propose sa présence pour vivre tout ce que nous avons à vivre.
Cette joie profonde, spirituelle, est notre joie et en même temps la joie de Dieu.
Alors acceptons ce bonheur d’être aimé ! Bonheur qui se fait tout proche en ce temps de l’Avent.
Méditation de Geneviève Blaise écrite pour la première semaine de la retraite de l'Avent 2019 à Voiron