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Prier sans cesse ?

La prière du moine par Bernard Ducruet

 

 

 

La recherche du moine c'est la prière continuelle.

 

Cette prière se coule dans quatre formes qui épousent celles de l'activité humaine.

 

  • Il y a la prière liturgique
  • Il y a la prière personnelle de l'oraison ou de la lectio divina.
  • Il y a la prière dans le travail et dans les activités
  • Il y a la prière dans les relations où l'on est en présence du Christ présent dans l'autre.

 

La prière liturgique est celle qui nous décentre de nos préoccupations pour entrer dans une prière objective, donnée, commune à toute l'Église – les psaumes…

 

La prière personnelle ou la lectio divina nous donne d'assimiler la Parole de Dieu pour la faire nôtre – et ceci dans le silence de l'être.

 

Il y a la prière qui, avant chaque travail, chaque activité, demande instamment à Dieu de mener à bien cette œuvre… et qui, pour toute œuvre grande ou petite, remercie Dieu de nous avoir aidé (par exemple : quand un moine est chargé du service de table, tous ses frères l'accompagnent par leur prière).

 

Il y a la prière dans toute rencontre, toute relation qui ne nous distrait pas de la présence à nous-même. Elle nous garde attentif, aussi bien à nous-même qu'à l'autre, et donne la capacité d'écouter vraiment l'autre, aussi bien dans l'objectivité de ses paroles que dans les non-dits de sa subjectivité.

 

 

 

Et ce qui unifie cette prière continuelle, c'est l'assurance de faire l'œuvre de Dieu là où je suis.

 

La prière n'est pas mon œuvre, c'est l'œuvre de Dieu en moi. Elle est essentiellement présence à la présence de Dieu, lui obéissant en tout ce qu'il nous demande, au moment où il nous le demande, ici et maintenant.

 

  • À tel moment c'est de prier avec l'Église, de faire Eucharistie ensemble en Église, louer, adorer, remercier, ensemble.
  • À tel autre moment c'est l'intimité de l'intériorité – c'est le Silence- c'est le "Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon" du psaume – c'est l'écoute de la Parole, écoute prête à accomplir.
  • À tel autre moment c'est être présent à ce que je fais, au service que je rends, au travail qui m'est donné.
  • À tel autre moment c'est être présent à la relation, présent à l'autre, écoutant, sans parasiter mon écoute par les impressions qui viennent de moi.

 

Or cette prière continuelle demande une ascèse…

 

Cette ascèse a trois composantes :

 

  • le silence d'écoute,
  • l'obéissance d'écoute,
  • et enfin l'humilité,

 

et là encore la vigilance pour rester dans cette disposition devient de plus en plus continuelle – elle devient Silence intérieur – présence aimante – attention.

 

 

 

Père Bernard Ducruet (moine bénédictin)