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Appel de Matthieu peint par le Caravage

Le Caravage : l'appel de Matthieu
Le Caravage : l'appel de Matthieu

 

 

Ce tableau a été peint en 1599 par le Caravage. Il se trouve à la chapelle St Louis des Français à Rome.

 

 

"Jésus vit en passant, assis au bureau des taxes,

un homme qui s'appelait Matthieu.

Il lui dit "Suis-moi".

Il se leva et le suivit."

 

 

 

Pour contempler ce tableau du Caravage, invitons-nous à la table de Matthieu, que l’on voit au centre, avec sa grosse barbe blonde. Il est tourné vers la droite et regarde cet intrus, venu de nulle part, qui vient de l’appeler. Matthieu, juste avant, était lui aussi tout absorbé par son travail de collecteur d’impôts, comme son voisin assis à côté, … entrain de compter son argent, ... replié sur lui-même ,… sans regard,
Certains disent de ces gens-là  que ce sont des voleurs … peut-être un peu ! Mais lui, Matthieu, il fait son travail avec beaucoup de conscience professionnelle: puisqu’il faut payer les Romains il est bien obligé de demander aux habitants de payer les taxes, même aux moins riches. : Ce n’est pas très juste, c'est vrai, mais il n’avait pas le choix.

 

Alors voilà qu’à partir de l’instant où il a entendu ce « suis-moi», , tout s’est bousculé dans sa tête en quelques secondes à peine: un vrai tsunami.

 

D’un seul regard …… : personne ne l’avait jamais regardé comme ça, avec tant de bonté et de bienveillance. Au début Matthieu pensait qu’il s’était trompé. Ici, on détourne son regard des collecteurs d’impôts quand on les voit, en espérant qu’ils vous oublieront. Mais lui au contraire, il semblait le chercher son regard, à Matthieu.
C'est à ce moment-là qu’il s’est souvenu qu’on parlait beaucoup ces derniers temps, d’un certain  Jésus de Nazareth, hors du commun: il faisait des miracles parait-il, en tout cas il ne laissait jamais personne indifférent : soit les gens étaient bouleversés en le rencontrant et l’admiraient, soit les gens le haïssaient. Ce devait donc être lui.
D’ailleurs, en même temps qu’il regardait Matthieu, il lui tendait la main, une main chaleureuse, ouverte, touchante. Enfin, au début il n’en était pas vraiment sûr. C'est peut-être pour ça que, sur le tableau, Matthieu semble désigner son voisin …… Et, cette main, ce geste étaient sûrs : il n’y avait plus de doute c'était bien à lui, Matthieu, que Jésus s’intéressait, et il l’appelait.

 

Il prenait des risques, Jésus, à appeler des individus de mauvaises réputations comme lui, qui ne le méritent pas ! À appeler des personnes qui ont encore de l’argent sale entre les mains, sans être sûr qu’ils vont pouvoir le lâcher ! Des personnes qui ne pensent qu’à eux-mêmes, ….
Et peu à peu, Matthieu se rendait compte de ce qu’était devenue sa vie. Une vie sans joie, sans chaleur, une vie de solitude. Une vie moche. Au fil des années, elle s’était affadie : Autrefois elle avait du sens pourtant. Il ne pouvait tout de même pas n’être réduit qu’à ça : un homme égoïste, malhonnête, que l’on craint, pouvant devenir méchant parfois ; et surtout qui se laissait aller à une vie d’honneur facile : À tel point qu’elle n’avait plus de goût. Maintenant il en pleurerait Matthieu, mais ce n’était plus le moment.
Et si, de manière inespérée, Jésus était venu pour des gens comme lui ? Son regard, sa main, sa voix, ses 2 mots impétueux : « suis-moi », tout laissait croire que Jésus le connaissait bien plus qu’il n’y paraissait. Peut-être même mieux que lui-même pour savoir dans quel état intérieur il se trouvait : après tout, c'était en croisant son regard qu’il venait de comprendre.
Matthieu sentait monter en lui une certaine chaleur qu’il n’avait jamais connue jusque-là. Une chaleur aimante qu’il ne voulait surtout pas laisser partir. Une joie profonde qui allait bouleverser le restant de sa vie. Il en était sûr maintenant, Jésus était bien venu pour lui, personnellement.

 

Il ne savait pas pourquoi, mais il voyait bien que tout était changé au fond de lui, et l’état de paix et d’assurance joyeuse dans lequel il se trouvait maintenant.

 

Recevoir une joie profonde alors que l’on n’a qu’une vie quelconque, misérable à présenter. Ça va à l’encontre de tout entendement.
Et pourtant c'était bien ce que faisait Jésus avec lui : Jésus en le regardant, voyait bien au-delà de tous ses pêchés, ses petitesses. Serait-ce ça le salut qu’il annonçait : L’amour que Jésus donne ne dépend pas des péchés de l’homme. Il est immense, insensé. Le reconnaître est la première démarche de foi, et Matthieu était en train d’en faire l’expérience, il en était sûr, à travers la joie reçue. 
Cette joie, plus personne ne pourra la lui enlever dorénavant, et il ne pourra pas la garder non plus pour lui tout seul. L’invitation de Jésus à changer de vie était pressente.

 

Il regarda autour de lui ses compagnons qui ne réagissaient pas. Il les reconnut à peine. Pourquoi ne bougeaient-ils ? Ils avaient l’air si triste ! Il ne les avait donc jamais vraiment regardés jusque-là. Avait-il, le même regard triste auparavant ?

 

Il fallait absolument faire quelque chose pour les sortir de là ? Mais faire quoi ?

 

Un instant, le doute le saisit ! Collecter les impôts il savait faire. Il n’était pas Chef pour rien. Mais faire quoi que ce soit pour les autres ? Et comment faire ? Il se sentait perdu :
Heureusement le regard de Jésus était insistant, confiant, la chaleur d’amour dont il était saisi maintenant ne faisait plus aucun doute, Jésus le guiderait :
D’un bond, Matthieu se leva, laissant là son argent, ses compagnons et sa vie d’avant. Et il Le suivit. Sûr de son choix, en paix, joyeux.

 

 En quelques secondes il était passé de l’incrédulité, de l’hésitation, de la crainte, et par un discernement intérieur, au choix de revivre, prêt à suivre Jésus: un choix radical pour une vie nouvelle et de joie !

 

 

Méditation d'Olivier Gilles pour la deuxième semaine de la retraite de l'Avent 2019 à Voiron